dimanche 3 juin 2012

Transformation numérique des entreprises : la coupe est encore loin des lèvres

A lire sur:  http://www.decideur-public.info/article-transformation-numerique-des-entreprises-la-coupe-est-encore-loin-des-levres-106192422.html

Vendredi 1 juin 2012
Dans un contexte économique marqué par l’incertitude,  la faible croissance voire la récession et une concurrence mondiale notamment de la part d’entreprises issues de pays émergents, les atouts que constitue l’utilisation judicieuse de l’ensemble des outils numériques et plus largement de l’innovation à tous les niveaux de l’entreprise, apparaissent décisifs. Encore faut-il que les dirigeants en soient convaincus tant au plan de l’utilisation personnelle que pour l’intégration de ces outils dans la stratégie de la société dont ils ont la charge. C’est précisément ce que deux études ont voulu mesurer (Syntec Numérique et Capgemini).
Celle de Syntec Numérique, réalisée en partenariat avec le cabinet IDC et Top Management, se présente sous la forme d’un baromètre – dont c’est la première édition - et porte sur la maturité numérique des dirigeants français. Premier constat : ces dirigeants sont très largement équipés d’outils numériques. Le taux d’équipement s’établit, en moyenne, à 3,7 terminaux par dirigeant. La mise sur le marché ces dernières années d’outils nomades toujours plus petits et ergonomiques explique en grande partie ce constat. C’est ainsi  que 63% des dirigeants interrogés sont équipés de tablettes et disposent quasiment tous d'un smartphone (91%) et d'un PC portable (94%). Toutefois, si les chefs d’entreprise français sont très largement « connectés », ils ne sont pas tous, loin s’en faut, des « happy few addict » du numérique, avec des effets au niveau de la stratégie de l’entreprise. En effet, ces écarts de maturité entre les dirigeants se traduit dans leur appréciation de la qualité de la contribution du numérique à l'entreprise ainsi que dans leur connaissance des sujets phares de la DSI (cloud, big data, décisionnel) qui ont des implications dans les projets stratégiques qu’elles conduisent.
Indice de maturité numérique des dirigeants
Selon les données relevées par le baromètre, près de deux dirigeants sur cinq (39%) se disent très à l'aise avec les outils numériques, tandis que les autres (61%) ont une relation plus éloignée avec le numérique. Pour les premiers, l’usage des réseaux sociaux et l’utilisation d’outils décisionnels dans la conduite de l’entreprise est chose courante. Ils sont également davantage sensibilisés sur des sujets tels que cloud computing, décisionnel ou big data. Néanmoins, pratiquement tous les dirigeants (93%) se retrouvent sur l’opportunité que représente le numérique en temps de crise : ils estiment, pour 82% d'entre eux, que cela devient un vecteur potentiel de compétitivité et d'innovation.
Rôle de numérique
Mais, selon le baromètre, cette conscience ne se traduit pas toujours en action : « les dirigeants […] voient encore mal comment ils peuvent concrètement mettre en œuvre ce levier dans leur entreprise ». Serait-ce un problème de gouvernance ? Si les relations entre les directions générales et les directions des systèmes d’information sont plus étroites grâce à une meilleure compréhension des enjeux et une intégration des DSI dans les comités exécutifs, il y a encore un chaînon manquant. Hugues Meili, PDG de Niji, partenaire du baromètre IDC / Syntec Numérique / Top Management insiste sur la nécessité de faire évoluer les organisations : « On voit bien que le rôle du DSI doit évoluer dans l’organisation des grandes et moyennes entreprises, comme dans les ETI ; il n’est pas encore réellement en charge du numérique de façon transversale ; il y a un chaînon manquant dans l’organisation, c’est celui du «Chief Digital Officer  », du directeur numérique, à la rencontre des enjeux business et des possibilités offertes par le numérique : c’est ce nouveau rôle que je propose de définir plus clairement pour améliorer le baromètre l’an prochain. »
Perception du numérique
Le périmètre de l’étude menée par le Groupe Capgemini est certes différent mais les conclusions sont assez similaires.  Capgemini Consulting, la branche conseil du groupe de services informatiques, en collaboration avec le MIT Center for Digital Business, a interrogé 157  dirigeants d’entreprises internationales (plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel) à travers 15 pays, sur la transformation numérique de ces organisations en vue d’améliorer leurs performances ou d’atteindre leurs objectifs. Le constat est sans appel : seules un tiers d'entre elles a mis en place un programme de transformation numérique efficace.
« Malgré l'enthousiasme que suscitent les technologies innovantes comme les réseaux sociaux ou le mobile, la plupart des entreprises ont encore une longue route à faire pour accomplir leur transformation numérique. Qu’elles utilisent des technologies nouvelles ou traditionnelles, la clé du succès de la transformation numérique réside avant tout dans le changement du mode opérationnel de l'entreprise. Le défi est d’ordre managérial et humain  avant d’être technologique », affirme Andrew McAfee, professeur au MIT et co-auteur de l’étude.
De fait, les principales barrières internes à la mise en œuvre de tels programmes sont : le manque de compétences (77 %), la culture de l’entreprise (55 %) puis des systèmes d’information inadaptés (50 %). Le risque pour les retardataires est de se faire sérieusement distancer par les concurrents qui seront allés de l’avant en matière de transformation numérique, préviennent les auteurs de l’étude.
L'étude évalue la maturité des organisations en termes de transformation numérique selon deux dimensions caractérisées par le « quoi » et le « comment ». Le « quoi » porte sur les éléments spécifiques de la transformation numérique développés dans l’entreprise dans les domaines de l'expérience client, des processus opérationnels et des capacités des collaborateurs. Le « comment » est relatif à la manière dont les entreprises conduisent leur transformation numérique en termes de gouvernance de projet, d’adhésion des collaborateurs et de mesure des résultats. « Ces deux dimensions sont au cœur de l'alchimie de la transformation numérique. Les entreprises qui les maîtrisent parviennent à en tirer une valeur substantielle pour leurs opérations », souligne George Westerman, directeur de recherche au MIT et co-auteur du rapport.
Sources : Baromètre IDC / Syntec Numérique / Top Management de la maturité numérique des dirigeants français. Le baromètre s’appuie sur les résultats d’une enquête menée au cours du premier trimestre 2012 sur un échantillon de plus de 130 dirigeants qui ont répondu au questionnaire. Cette enquête a été complétée par une série de vingt-six entretiens en face à face menés par les analystes d’IDC France.
Capgemini Consulting, "Digital Transformation : A Roadmap for Billion-Dollar Organizations". L'étude porte sur 157 dirigeants et responsables d'entreprises internationales issus de 50 entreprises de divers secteurs tels que industrie, pharmacie, distribution, energie et utilities, télécommunications, media et divertissemnt ou encore secteur public. L'étude a été menée dans 15 pays d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Asie-Pacifique.  Environ la moitié des personnes interrogées sont des directeurs généraux et directeurs opérationnels tandis que l'autre moitié sont des directeurs et responsables informatiques. 

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