mercredi 9 avril 2014

RSE : « La première responsabilité d'une entreprise, c'est de rendre ses partenaires responsables »

A lire sur: http://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/remuneration/rse-la-premiere-responsabilite-d-une-entreprise-c-est-de-rendre-ses-partenaires-responsables-61344.php

Par Julie Le Bolzer, journaliste | 20/03/2014

Expert en stratégie RSE et développement durable, Pascal Bello vient de publier (*) un ouvrage sur les enjeux de la responsabilité sociale des entreprises. Il y analyse _témoignages et exemples concrets à l'appui_ l'impact de ces sujets sur les règles et les codes de management.

Pascal Bello dirige le cabinet ESG Score
Pascal Bello dirige le cabinet ESG Score

N'y a-t-il pas plusieurs définitions de la RSE ?

Il y a plusieurs choses dans les notions de développement durable et la RSE : l'engagement sociétal, environnemental... Surtout, les entreprises s'approprient ces sujets de différentes façons. Mais ce qui m'a toujours gêné, c'est ce voile de moralité qui accompagne la question de la responsabilité. Personnellement, j'estime qu'il faut se défaire de ce moralisme. L'entreprise n'a pas vocation à donner une vision de la vie à ses collaborateurs. D'autant que les vérités d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes que les vérités de demain. D'autant qu'en cherchant à imposer, on crée inévitablement des oppositions. En revanche, et elle a tout intérêt à le faire (pour la cohésion, le lien social, la quête de sens qu'on donne au travail), l'entreprise doit à mon sens véhiculer des valeurs d'écoute, de respect de l'autre, de concertation...Dans chaque démarche de management, il s'agit de susciter l'adhésion.

Comment ?

Je crois beaucoup à l'écoute de toutes les parties prenantes : collaborateurs, prestataires, fournisseurs... Il est vertueux, mais surtout efficace, de mettre toutes les parties prenantes au cœur du fonctionnement de l'entreprise. Et de les intégrer dans les processus de décision. A condition de porter une réelle attention à ce qu'ils disent. Aussi bien pour éviter les risques que pour saisir de nouvelles opportunités. La première responsabilité d'une entreprise, c'est de rendre ses partenaires responsables. On peut agir « avec » les autres, mais pas « pour » les autres, pas « à la place » des autres. En outre, aucune organisation ne peut plus fonctionner sans tenir compte de la société civile, sans être à l'écoute des réalités, des besoins, de l'avenir de son bassin d'emploi. Il y a là une tendance de fond, nous assistons à ses prémices : la nécessité de délocaliser, de déconcentrer, de décloisonner le mode de décision. Cela suppose de rendre les individus localement responsables.

Concrètement, quelles bonnes pratiques constatez-vous, sur le terrain, en termes de responsabilisation des collaborateurs ?

Place à la souplesse ! Pour rendre les individus responsables, face à un client, face à une situation, il s'agit de quitter des procédures trop technocratiques et trop rigides. L'autre vertu de la responsabilisation et de l'autonomie, c'est l'adhésion des collaborateurs (à la marque, aux valeurs, au projet de l'entreprise) : ceux-ci n'en seront que plus heureux au travail. Evidemment, encore faut-il avoir le courage de faire confiance. Pourtant c'est d'autant plus important à l'heure de la pénurie des talents qui touche quasiment tous les secteurs d'activité. Si nous prenons la fameuse génération Y, génération versatile, très au fait des nouvelles technologies, pas du tout preneuse du management ancienne formule : pour se rendre attractifs auprès de ces talents, les entreprises doivent réinventer un mode de management auxquels les jeunes adhèrent. L'évolution est permanente. A chaque époque sa vérité, son mode de fonctionnement. Idem dans l'entreprise et le management.
(*) « Stratégies et RSE. La rupture managériale », de Pascal Bello (mars 2014, DUNOD).

L'auteur
Pascal Bello dirige le cabinet ESG Score, spécialisé dans l'accompagnement des stratégies RSE et de développement durable des entreprises. Il a auparavant dirigé, pendant 15 ans, l'agence de notation BMJ Ratings pour laquelle il a audité plus de 200 entreprises à travers le monde. Docteur ès Sciences de gestion, Pascal Bello est conférencier dans diverses business schools et universités. 
Retrouvez un extrait de « Stratégies et RSE. La rupture managériale » de Pascal Bello :

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