lundi 2 juin 2014

"L’économie circulaire n’est pas une question d’environnement, c’est une question d’économie", selon Ellen MacArthur

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Ellen MacArthur 
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  Depuis trois ans, Ellen MacArthur promeut l’économie circulaire à travers sa fondation. La navigatrice, recordwoman du tour du monde à la voile en solitaire, juge que l’économie actuelle "est finie" et que l’industrie va changer de modèle.
L'Usine Nouvelle - Comment vous est venu ce goût pour l’économie circulaire ?
Ellen MacArthur - Elle me vient de mon expérience de navigatrice. Seule sur un bateau au milieu des mers du Sud, avec le minimum de matériel pour aller vite, on se rend compte de ce qu’est un monde limité, comme l’est le nôtre. Je ne suis pas économiste, mais cela m’a fait comprendre que notre économie est finie. Notre modèle actuel d’économie linéaire ne durera pas sur le long terme. Le prix des produits de consommation a diminué pendant 100 ans. Mais toute cette baisse a été effacée en seulement dix ans sous la pression de la hausse des cours des matières premières.
Est-ce que les industriels sont des bons élèves de l’économie circulaire ?
La question n’est pas de savoir s’ils sont des bons élèves. Pour l’industrie, c’est un passage obligé. Avec une telle volatilité des prix, un manufacturier peut voir ses coûts de production augmenter de 500 millions d’euros en 18 mois, ce n’est pas supportable. Il y a une soif de trouver quelque chose qui fonctionne. Selon une étude réalisée avec notre partenaire Mackenzie, en cyclant 25 % de la matière, l’industrie européenne peut économiser 630 milliards de dollars par an... Et encore cela ne prend pas en compte le bénéfice pour les consommateurs.
De plus, l’économie circulaire ne concerne pas que la production, c’est l’ensemble du système qu’il faut changer : l’organisation des entreprises, la comptabilité, les modèles commerciaux... Par exemple, Rolls-Royce ne vend pas ses moteurs d’avion. Il vend des heures de vol. Ainsi, l’industriel n’a pas intérêt à vendre le plus de moteurs possible, mais à les faire durer en préservant la performance et la sécurité.
Est-ce que l’économie circulaire n’est pas avant tout une notion européenne, avancée en matière environnementale, mais qui ne touche pas les pays émergents ?
L’économie circulaire n’est pas une question d’environnement, c’est une question d’économie ! C’est la recherche d’une économie durable. De fait, c’est donc une notion qui attire fortement les pays émergents. La fondation MacArthur est basée en Europe, on travaille beaucoup ici, donc, mais à travers le World Economic Forum nous avons des contacts à Hongkong, à Taiwan, aux Etats-Unis... Là-bas, tout bouge, à la fois dans le business et l’éducation. Et de toute manière, nous vivons dans une économie mondialisée, les grandes sociétés ont des fournisseurs qui viennent de partout. L’économie circulaire doit donc se penser de manière globale.
Propos recueillis par Ludovic Dupin

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